Poèmes

La Rivière aux Nénuphars

par Robert Desnos

Robert Desnos

La rivière aux nénuphars

Sous les ombres douces des grands peupliers

coule entre deux ponts

où les cris des canotiers retentissent plus sonores

La grenouille en robe à traîne
Dont le nom est
Pulchérie y retrouve
Népomucène
L'amant goujon qu'elle a choisi

Son coassement d'amour s'épuise

devant l'éperdu silence du poisson

Et l'eau de la rivière les grise

Quand des buveurs versent leurs verres du haut du peut

Le pêcheur à la ligne près du coude
Depuis trente ans n'a pas bougé
On dit qu'il est mort à la tâche et d'oubli
Nul n'est allé le réveiller

Le flotteur rouge de sa ligne

Est un peu décoloré

C'est une vieille carotte que la lune

à minuit comme un veau semble brouter

Les étoiles sont gigantesques

La nuit dans le ciel de la ville

Et les chansons des buveurs

Semblent ne pouvoir franchir les remparts

Cette ville n'est pas rassurante du tout on dit que de la source une forme sort parfois au crépuscule
Comme une jeune fille nue d'un miroir

C'est peut-être bien
Ophélie
C'est peut-être bien
Pulchérie
C'est peut-être
Népomucène
Goujon grenouille ou la jolie
Ophucène
Népomélie
Pulcherouille ou grenoujon au bord de la rivière aux nénuphars qui coule coule entre deux ponts



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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