Nous prendrons, si tu veux, le chemin le plus rude
Où l'épine et le roc, l'une à l'autre attachés,
Retenant vers le sol nos visages penchés,
Feront à l'escalade un tragique prélude.
Puis, l'obscure forêt dont le pin se dénude,
Et le marais, sanglant de pavots arrachés,
Et l'obstacle visible, et les pièges cachés,
Eloigneront encor le but qui nous élude ;
Jusqu'à ce que, tremblants, épuisés, éblouis,
Une cime soudain jaillissant de la nue
Comble enfin nos désirs jamais évanouis,
Et que s'ouvre pour nous la splendide avenue
Menant des jours d'angoisse et des nuits de remords
Au pays radieux de nos frères les
Morts.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012