Comme je me promenais
Dans une forêt
Où je n'avais jamais mis les pieds
Je vis
Au détour d'un sentier
La silhouette d'une femme qui marchait
À environ cinquante mètres
Devant moi
Je pressai le pas
Pour me rapprocher d'elle
Mais la distance qui nous séparait
Ne diminuait pas pour autant
Sans doute presse-t-elle
Également le pas me dis-je
Aurait-elle peur de moi
Soudain elle se retourna
Et je vis son beau visage
Entouré d'une chevelure
Brune et ondulée
À ma grande surprise
Elle marchait à reculons
Sans craindre de tomber
Comme si cette forêt
N'avait pas de secret pour elle
Au bout d'une minute
Elle reprit une marche normale
Attendez-moi lui dis-je
Pourquoi tenez-vous à maintenir
Une distance entre nous
Je ne vais pas vous faire
Du mal
Je n'obtins aucune réponse
Je remarquai que la robe à fleurs
Qu'elle portait
Nous étions en été
Semblait intemporelle
Corolles diverses
Et multicolores sur fond
Blanc
Comment s'appelle l'arbre
Qui vous fait face
Entendis-je
Je fus étonné par la proximité
De sa voix
Je l'ignore lui répondis-je
Après m'être arrêté devant
Cet arbre
Puis je repris ma marche
Vers elle
Et cet arbuste en fleur
À votre gauche
Quel est son nom
Je l'ignore lui répondis-je
Je crois que vous pourriez
M'apprendre beaucoup
De choses
Quel est le nom de l'oiseau
Qui vous regarde sur votre droite
Me questionna-t-elle
Une fauvette
Lui répondis-je
Non ce n'est pas son nom
Me répondit-elle
De la même voix mélodieuse
Et sereine
Quel est son nom
Lui demandai-je
Mais ma question ne fit
Que réveiller un terne écho
Pourquoi ne voulez-vous
Pas partager vos connaissances
Avec moi
J'aimerais combler mes lacunes
Ce sont plus que des lacunes
Je crains que votre incuriosité
Fille de votre paresse
Ne vous rende indigne
De ma compagnie
Me dit-elle tout en atteignant
L'autre bout d'une clairière
Vous êtes bien dure
J'ai des qualités
Que vous ne soupçonnez pas
Monsieur
Ce n'est pas moi que vous devriez
Poursuivre
Il est une poursuite
D'une autre nature
Que vous seriez bien avisé
D'entreprendre
Avant qu'il ne soit trop tard
Que voulez-vous dire
Lui demandai-je
Mais elle ne me répondit pas
Elle prit un sentier
Qui partait à droite
Si bien qu'elle disparut
À ma vue
Je courus vers ce sentier
Et quand je l'atteignis constatai
Qu'il offrait aux promeneurs
une ligne droite
D'au moins deux cents mètres
Mais la jeune femme s'était évaporée
En levant la tête
Je remarquai que le soleil
Était plus radieux
Que tout à l'heure
Je poursuivis mon chemin
Et les chants des oiseaux
Me semblèrent plus mélodieux et nombreux
Plus odorantes
Les senteurs de la forêt