Chaque arbre ici résout un problème « le mieux possible » — inventant ainsi le meilleur des mondes.
Cette solution de lilas-doubles couleur de lèvres enfantines, c'est elle qui nous induit à parler d'un énoncé; à la reconstituer : « comment exhausser le long des
chemins des paumes très chargées ; comment tresser la plus belle couronne ; comment édifier, le plus beau, un premier degré de l'échelle des choses jusqu'au cintre des
nuages et plus loin jusqu'au faîte nocturne absolument éloigné ? »
Au tournant de l'hiver il y eut l'esquisse de l'arbre qui essayait autour de lui à grands traits noirs la masse qu'il allait composer, préparait le lieu, se disposait, accrochant de
beaux emplacements pour les fleurs.
Mais quoi ! serons-nous l'ethnologue des arbres ? Nous attaquerons-nous au verger pour le réduire en structures ? Leibniz, qui expliquait le platane à la marquise, se doutait-il qu'on
en allait dessécher les feuilles dans un gros volume de mathématiques jusqu'à ce qu'apparussent de calculables morphèmes de platane ?
Ce bouquet d'arbres ici, tout à fait imprévisible, totalement nécessaire, le calcul le rattrape, le domestique. Le jeu du monde est pris en compte par les mathématiciens.
Ils voudraient bien ne pas se contenter d'attendre et d'observer les solutions, mais plutôt à jamais par avance planifier le grand jeu de notre histoire.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012