Je suis en train d'écrire que j'imagine que je ferme les yeux, que je m'en vais...
...
Une vache enraye un tramway
Un
Gange passe, un bateleur tantrique remorque un cab très excentrique par une corde à son linguam dur comme trique
La foule des millions ne s'écarte jamais
Des idiomes sourds entre eux et juchés
sur grasses hanches drapées se pressant au comptoir d'Air-India à
Bombay —
Hindis
Ourdous et
Bengalis — ne s'entendent que par l'anglais
Le
Yogi mangeur de silence sur le pliant des jambes nues vieillit comme un cru
Les moulins des dieux sont des géants
Le maigre ascète n'a pas de livres ni d'écuyer
Il fait sa sortie au-dedans
Une pintade grise rincarne un artisan
Dans les faubourgs
Un film s'éternise, des amours
à épisodes d'un prince p. h. d. de
MIT qui enlève en
Porsche une dactylo de
Delhi
Au village de
Satjajit
Ray le temps se fait lisière intemporelle
La mousson fait mousser une moisson de seins mûrs en sari
Le roi des singes saute sur l'estrade
Nous appelons le plus pauvre de vos pauvres un paria
Le plus riche de vos riches un radjah
Nous les faisons se croiser aux margelles du
Fleuve
Ils se voient, purifiés sous une pluie de cendres veuves
Les corsaires de
Malabar tournent un documentaire
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012