La Joie
Souriant d'aise
Réchauffe son corps invisible
Auprès du feu
Qui brûle dans l'âtre
D'une maison dont tous les habitants
Sont heureux
Puis
Plus rapide que la foudre
Elle s'échappe par le conduit
De la cheminée
Et s'ébat folâtrement dans le ciel
Avec les alouettes et les hirondelles
Avant de fondre telle une buse
Sur un autre foyer
Dont son ennemie
La Morosité
S'est récemment emparée
Que peut-elle faire
Pour chasser la Morosité
Des cœurs
Qui demeurent dans cette demeure
Bah
Elle ne se pose jamais cette question
De rhéteur
Il suffit qu'elle paraisse
Pour que s'en aille
À contre-cœur
La sinistre Morosité
Et que la lumière enflamme
À nouveau
Les regards et les gestes
De tout un chacun
La Joie n'est jamais sans emploi
Bien qu'elle ait connu des époques
Où sa vie
N'était pas trépidante
Des époques de joie
Dont elle était la reine
Des époques qu'elle regrette
Car la Joie
Qui adore s'activer
Être débordée de travail
Fait passer la joie des hommes
Avant la sienne
Et en son for intérieur
Elle sait que rien ne la rend plus joyeuse
Que la fin
De la Morosité