«
Mince, alors ! dit la crevette
Elevée dans les faubourgs,
Ce que ça peut être bête,
De'toujours parler d'amour.
Moi qui connais les vieux crabes
Dont le coin est infesté,
Moi qui ai fait les
Arabes
De la rue de la
Gaîté.
Pensez si ça m'impressionne
Moi, tous ces miaou miaou...
Je ne dois rien à personne
Je travaille sans marlou.
L'amour qui passe à la caisse,
L'amour la main sur le cœur,
C'est toujours la main aux fesses.
Les hommes sont des noceurs.
Le sentiment c'est tout frime :
Ça n'a jamais existé ;
Et ceux qui vont jusqu'au crime,
C'est parce qu'ils étaient vexés. »
Elle dit et sur la plage
Un adolescent joufflu,
Qui péchait dans les parages,
On ne sait pourquoi lui plut
Il n'avait pas de tendresse,
Comptait la manger tout cru,
Elle qui avait fait pièce
A tous les pêcheurs du cru,
Malgré sa triste dégaine;
Subjuguée par ses mollets,
Paralysée, incertaine
Elle choit dans son filet.
Il la cuit, il la dépiaute...
L'amour est un accident.
Les crevettes sont idiotes.
Les femmes ont du bon sens.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012