La beauté nous est douce parce qu'elle ne danse pas
Au rythme fuyant de notre vie
Parce qu'elle nous regarde de son regard
Impassible et ne tente pas de nous séduire
Parce qu'elle sait ce que nous ignorons
Et que nous craignons d'apprendre
Parce qu'elle se repose pendant l'éternité
Tandis que nous sacrifions au dieu Travail
Les plus belles heures de notre vie
Parce qu'elle nous plonge dans des rêveries
Qui nous font oublier nos soucis prosaïques
Parce qu'elle nous montre l'autre visage
De l'Histoire
Parce qu'elle nous invite à prêter attention
Aux choses les plus insignifiantes
Et à ne pas surestimer
Les plus grandioses
Parce qu'elle nous pousse à donner
Le meilleur de nous-mêmes
En se bornant à nous présenter ses atours
Parce qu'elle ne nous rend pas jaloux
De son immortalité ni ne nous invite à abréger
Nos jours
Parce que nous savons que nous pourrions
Nous transformer à son contact
Et qu'elle n'est pas responsable
De notre inertie
Parce qu'elle permet aux pauvres de voyager
Dans le temps et l'espace
Tout en restant dans leurs humbles logis
Parce qu'elle nous révèle la noblesse
De la violence et les laideurs de la douceur
Parce qu'elle nous a sauvé la vie plus d'une fois
Et n'attend aucun remerciement
Parce que les splendeurs de la nature
Sont ses sœurs bien-aimées
Et non ses rivales
Parce qu'elle nous murmure à l'oreille
Que Dieu l'a créée
Pour ceux qui ne peuvent s'accommoder
Des rigueurs de la religion