In memoriam Nicolas Foucquet (1615-1680)

Nicolas Foucquet fut un homme d'exception
Mécène doué d'un goût hors du commun
Homme de droit émérite
Cicéron français
Ami des dévots et des libertins érudits
Qui vouait un culte à l'amitié et à la loyauté
Crésus admiré et aimé pour ses qualités
Généreux charitable sociable
Catholique
Qui portait aux nues la fine fleur
De l'intelligentsia et des artistes
Protestants
Poète au service de la beauté
Qu'il admirait dans les oeuvres d'autrui
Et que la Beauté chérissait
Comme son amoureux le plus ardent
Serviteur zélé de la royauté qui ne trahit
Jamais
Le roi durant la Fronde
Et qui employa sa fortune
À sauver les finances publiques
Tandis que Mazarin
Protégé de toute poursuite par la raison d'État
Pillait ce même État et révoltait les contribuables

Mais ce parangon de la civilisation française
Autour duquel régnait un air de gaîté et de charme
Et dont le christianisme social lui avait gagné les suffrages
Du peuple
Se heurta à l'amour-propre démesuré
D'un despote de vingt-trois ans
À peine éclairé
Qui jalousait ses dons exceptionnels
Haïssait la République parisienne des Lettres
Dont il était le fleuron
Et entendait être entouré de commis serviles et flatteurs
Comme Colbert
Et non de ministres dignes de ce nom

Nicolas Foucquet
Ce roi idéal
S'il n'avait pas été brisé par l'arbitraire
Aurait laissé une empreinte indélébile
De bonté de sagesse et de culture supérieure
Sur notre pays
Une empreinte si profonde
Que la fonction royale serait encore
Plébiscitée par les Français

Nicolas Foucquet
Et ses amis de diverses obédiences
Si Louis XIV leur avait prêté une oreille attentive
Eussent introduit l'amitié dans le gouvernement du royaume
Ce lien social merveilleux et intime
Vainqueur des intérêts égoïstes des amours-propres
Des divergences confessionnelles ou doctrinale
Et qui aurait même fini par triomphé
Des distinctions de naissance de rang et de profession