Rien par l'immense été clos que le tremblement
Des rails sous les coquelicots, et la poule qui râle
Au fond de la chaleur noircissante ; rien que
Ce duvet immobile et le nuage en exode, en fureur
Très lente sous la couvaison des préfectures, quand
Le destin surveillait les faubourgs par l'oeil de la volaille
Augurale et figeait des trajectoires de céruse
Dans l'ocre à déchiffrer de la fiente par un enfant.
J'arrivais à la gare, je
Serrais frissonnant sous mon linge ce peu de glace
Et midi comme un poing d'aveugle sur les toits
Cherchait pour l'écraser ma tête transparente.
Mais loin sous les parois de l'œuf caniculaire
Je naissais de nouveau dans l'oubli, dans la pure fréquence
Que des ondes coupées des deux sources du temps.
Lambeaux d'une mémoire en détresse par tout l'espace,
Troublaient — et je voyais des morts, des femmes, des
jardins
Me traverser tandis que vers le chœur du bleu marine
Entre les murs épiscopaux de
Langres ou d'Autun
Je montais, et vers les jardins bouillant d'oiseaux et de
racines
Enfouis dans la lumière ainsi que des yeux — et déjà
Sous les cils formidables de la chaleur n'était-ce pas
Les vôtres qui s'ouvraient en moi comme l'eau sous les
cygnes ?
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012