La chair, oui, mais l'âme n'a pas désir d'éternité,
Elle qui rétrécit comme un rond de buée
À la vitre et n'est que syncope
Dans la longue phrase du souffle expiré par les dieux.
Elle se sait mortelle et presque imaginaire
Et s'en réjouit en secret du cœur qui la tourmente.
Ainsi l'enfant que l'on empêche de jouer
Se dérobe les yeux baissés contre sa transparence.
Mais les dieux où sont-ils, les pauvres ? — À la cave ;
Et n'en remontent que la nuit, chercher dans la poubelle
De quoi manger un peu.
Les dieux
Ont tourné au coin de la rue.
Les dieux
Commandent humblement un grog à la buvette de la gare
Et vomissent au petit jour contre un arbre.
Les dieux
Voudraient mourir. (Mais l'âme seule peut,
À distance des dieux et du corps anxieux
Dans son éternité d'azote et d'hydrogène,
À distance danser la mort légère.)
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012