Ah ! ce soir, j'ai le cœur mal, le cœur à la
Lune !
Ô
Nappes du silence, étalez vos lagunes ;
O toits, terrasses, bassins, colliers dénoués
De perles, tombes, lys, chats en peine, louez
La
Lune, notre
Maîtresse à tous, dans sa gloire :
Elle est l'Hostie ! et le silence est son ciboire !
Ah ! qu'il fait bon, oh ! bel et bon, dans le halo
De deuil de ce diamant de la plus belle eau !
O
Lune, vous allez me trouvez romanesque.
Mais voyons, oh ! seulement de temps en temps
Ce serait fol à moi de me dire, entre nous, est-c' que
Ton
Christophe
Colomb, ô
Colombe, à genoux ?
Allons, n'en parlons plus ; et déroulons l'office
Des minuits, confits dans l'alcool de tes délices.
Ralentendo vers nous, ô dolente
Cité,
Cellule en fibroïne aux organes ratés !
Rappelle-toi les centaures, les villes mortes,
Palmyre, et les sphinx camards des
Thèbe aux cent portes ;
Et quelle
Gomorrhe a sous ton lac de
Léthé
Ses catacombes vers la stérile
Astarté !
Et combien l'homme, avec ses relatifs «
Je t'aime »,
Est trop anthropomorphe au-delà de lui-même,
En ne sait que vivotter comm' ça des bonjours
Aux bonsoirs tout en s'arrangeant avec l'Amour.
—
Ah !
Je vous disais donc, et cent fois plutôt qu'une.
Que j'avais le cœur mal, le cœur bien à la
Lune.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012