Nu, affalé sous ma moustiquaire
J’attends à l’envie la pluie
Comme sous ces latitudes
Peut s’attendre la profondeur de la nuit
Une sueur opiniâtre
Perle sous mes aisselles
Et dévale sur ma peau
Que la lueur casuelle
De la lampe à pétrole
A rendu olivâtre
Si à l’encontre de la mi-journée
Où le silence forcené n’est brisé
Sous les ébéniers et autres okoumés
Que par la soudaineté des averses
Dès les prémisses de la soirée
C’est le charivari d’une faune bigarrée
S’égaillant par essaims ou par nuées
En une cacophonie de quintes et de tierces
Le chanvre anesthésie ma poisseuse libido
Tandis qu’aux rythmes des bongos
Répondant aux chants des griots
Phalènes, glossines et mosquitos
Se télescopent-en d’infernaux crescendos
Mêlant d’extatiques phéromones
À de frénétiques fandangos
Hypnotisé par ces danses morbides
Autour de l’unique source de clarté
Je trouve quasi jubilatoire
Ces suicides collectifs
Dont la crémation d’élytres
Et la consumation d’abdomens
Excitent mes papilles gustatives
En attisant une inextinguible
Soif d’alcools frelatés
Dès la troisième gorgée
C’est une blanche épiphanie
De comètes miniatures
Qui font vibrer mon âme fougère
Aux rhésus capillaires
En mal de cicatrisation
Après les scarifications
De mon écorce terrestre.
Lorsqu’enfin
Le coma éthylique me guette
C’est une noire assomption
De bubons et de furoncles
Que les forces émanations
De ma nature dévoyée
Ont réveillée de la torpeur
De cette canopée d’ébène
La nuit a refermé sa peau
Sur les rideaux
De mon inconsistance