Poèmes

Epigramme de Salmace

par Pontus de Tyard

A peine avoit seize ans, de la belle
Venus
Et du
Cyllenien * la jeune et chère race :
Quant, au temps que
Phebus son plus long chemin

[trace,
Dans un fleuve il voulut baigner ses membres nuds.

Mes souhais (dit
Salmace) ores sont avenus,

Ce disant, elle court, entre en l'eau et l'embrasse,
La peur saisit le cœur, et la honte la face
D'Hermaphrodit, qui n'a les feus d'Amour connus.

Plus la
Nymphe l'estraint, plus d'eschaper il tasche,
Dea (dit elle) fascheux, donc ma beauté te fasche :
Si faut il qu'à jamais ton corps au mien s'assemble.

Soit ainsi (dit
Venus) mais aussi vray sera

Que quiconque en ton fleuve, ô
Salmace, entrera,
Aura, comme vous deux, les deux sexes ensemble.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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