Où vit la douceur
je touche la dormeuse
ou le dormeur ami.
Mais rien ne sauve
le feu qui s'évertue
à lécher la pâleur
du palais, du paradis.
Adore la verge dure cachée dans le lilas.
Vole bras et jambes, provoque attentats, merveilles.
L'alcool bu délivre palabres et paraboles.
Le feu mange la main du dormeur à court d'haleine.
Détresse en son mât : pieds et mains qu'on lave le plus souvent possible.
Et la langue a la saveur de l'autre langue.
Et nous parlons ensemble de carquois ou de pals, unis, désormais.
Plie les doigts : tu allonges le sang dans sa course où grossit l'ombre du poing.
Les nerfs sont invisibles : meurt comme verre le bruit le plus lointain, le silence où tu vis de la tête aux pieds.
Épaule belle ou bassin
de pierre, de rose, de feuille.
Ou lune de laine
sous la langue légère
qui dort dans le palais.
Cinq doigts, cinq tempes
et le thym touché
qui meurt dans la bouche.
Le gel et la salive
luisent dans l'œil :
quelle crête y croît ?
Quelle flamme y palpite?
Un fil d'or casse.
Le cœur ne bat plus.
Maison-tambour: l'osselet traverse aussi le linge.
Et le fil du souffle est roulé dans le cœur.
Et les doigts craquent ou frottent la peau dès qu'on bouge la tête.
La main grandit dans le corps qui sommeille.
Le coq roule en campagne et les nains siffleurs sifflent de tous leurs sifflets noirs.
Jura suisse ameute et poternes, et casernes.
On se croirait déjà, dès le jour qui pointe, décédé à jamais.
Ment impunément qui meurt à tout instant.
Nos marquis, nos mimosas,
nos femmes les aiment.
Jeux jaillissent: quilles
bras de thym volé...
Qui s'appelle
Caillou-la-langue?
Qui tombe dans le torrent
qui n'existe pas?
Nulle coque, nul corps.
Seule, l'ardeur lisse
de la plume ou de l'œil.
Petits cris, petits pas.
La rivière se déchire.
Cent sabots brûlent.
Gens joufflus huent mendiants et voleurs.
Commence ici le charabia des coqs et des tortues: la boule du sommeil roule dans le lit du voisin.
Les doigts font leur douceur par le chemin des jambes : voici poinçons et marteaux, qui vont, qui viennent.
Une fontaine étouffe le lent tocsin du cœur.
Les bons enfants, près de l'agneau, ne sont ni soumois, ni pervers.
Dormons dans les bras des autres.
Un bouton de métal agace la nuque ou le poignet.
Nul rêve n'endort le froid qui, soudain, nous garrotte.
Je tire le corps du fils dans le jardin désert.
«Main fermée sert de logis au petit poing du voleur, à la langue de la fileuse, au nain bossu des contes, à la main du
Mozabite, au sein de l'endormeuse.
Je tire d'une boule de laine oreillers et pourpoints».
Deux garçons d'œufs battus vivent dans la coque du poignet: je cache les marteaux dans la serre et n'y vais plus jamais.
Je cuis à four très doux le gâteau russe.
Et la pluie peut frapper au carreau.
La fauvette y loge.
Dieudonné meurt dans les chardons.
Le plus grand doigt de la main
n'est qu'un frère parmi d'autres.
Peut-il toucher les lèvres ?
Peut-il suivre la trace
de la salive heureuse?
Étrave du poing qu'on lance,
qu'on brandit au combat.
Ou mât de verre très bleu
dressé parmi les hampes.
Ouvre les bras.
Le cerf-volant s'abat
dans un sabot fleuri.
Et c'est la cavalcade
des nains et des toupies.
Accueille en ta maison
les miroirs, les feux d'herbes.
Amis des bras et des épaules, et des coudes creux, des paumes, voici les fourreaux froids du gel.
Avance vers moi, rivière.
Et vous, chercheurs de petits os, le délire vous emporte.
Les cinq doigts de la main sont les chemins du cœur.
J'amoncelle
cuillers et pieuvres de papier,
carcans et bouts de laine.
En un mot, je vole
femmes et garçons, bétail.
L'haleine de la lune
me teint les cheveux.
Je me couvre de sable: je prononce les mots simples tels que «rêve» ou «vie».
Vélocipède existe aussi dans la douceur noyée de ce que j'aime...
Vanille oscille en vain.
Dans la souche, un poing de fille
serre les cheveux du vent.
La petite poudre blanche
me couvre tout le corps.
Visage anonyme esquive
le baiser du souffleur.
Un coup de hache dans un tambour et rien ne sera plus pareil : la langue dans l'entrejambe devient l'onguent bleu des fêtes.
L'œil funèbre, le lasso.
Donc, les petits hommes pissent dans l'étui des supplices.
Mille empires dans la main.
Je suce la fleur d'ombre et l'eau vive envahit le cœur noir d'un garçon.
Passe un siffleur d'insultes, connaissant venins, vertiges...
Dans la jambe, un renard doré perd son plus beau pelage.
L'arc de ta langue est instrument de sourd.
Une pelote de laine cache le petit cœur des amis du dimanche.
Et l'on pèse le sel, pour mieux vivre.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012