Bûches Poétiques

Ô douleur! Ô angoisse qui persiste au fil des jours
Qui fait rage, transgresse toutes les lois chaque nuit
Jaillit des bas-fonds d'un puits
Et m'engouffre dans un silence immense
Qui m'étreint dans un élan intense
Comme une mère serre dans ses bras un fils qu'elle avait cru perdre
Dans les pièges des amours tumultueux et chaotiques
Auxquels elle l'avait vu mordre
Quand la fleur de l'âge faisait rage, que d'insurrections!
Que d'erreurs!
Ô douleur, malédiction bénéfique,
Je t'endure depuis qu'on m'a insufflé la vie non la mort
Cette horreur
Qui n'interrompt jamais son oeuvre
A chaque demi-cercle par sa faux
Elle opère à chaud
Des hommes tombent à ses pieds, les uns déclinent
Les autres s'inclinent
A certains elle accorde ses faveurs
Ô douleur! Glisse ta lame d'acier dans mon coeur
Restes-y jusqu'à ma dernière heure
Fais de ses artères ta demeure
Assèche ses parois inondées de larmes
Ecrase-les pour en faire des rames
Manoeuvre-les pour qu'avance la barque de l'amour
Qui lève l'ancre de très bonne heure
Déploie ses ailes, se prépare pour un nouveau départ
Un vol de nuit à pleins phares
Vers un port abrité de lames
Où tu berces la pureté de mon innocence
La chasteté irréprochable de mon enfance
Enivre-toi, livre-toi à une véritable orgie
Enflamme mon coeur de ton dard de sang rougi
Déflore l'hymen des filets des années dans lesquels je gis
Ô douleur, douleur mienne!
Souvent quand la nuit étend son long manteau,je te sens gagner mes veines
Je sais que tu me feras redevenir ton ombre, ton navire
Point minuscule entre ciel, mer et terre
Que la tempête du zénith de sa gloire chavire.