On frappe.
Qui est-ce ?
Ah !... geignarde parasite,
J'avais pourtant prié les dieux
De m'épargner ta longue et sinistre visite,
Et l'amertume des adieux.
J'ai rêvé d'une mort foudroyante et splendide,
Telle que tu n'apportes pas ;
Vers le gouffre indulgent je ne veux d'autre guide
Que le plus brusque des trépas.
Que viens-tu faire ici, sournoise ?
Attendre l'heure
Où s'inclineront sous ta loi
Mes désirs assagis ?
Sauras-tu si je pleure
De honte, de joie ou d'effroi ?
Soudainement me faut-il rompre pour te plaire
L'ordonnance de mes pensées,
Et ne chanter mon beau royaume imaginaire .
Qu'en strophes rudes et pressées ?
Mon corps et mon orgueil se moquent du présage
Que burine l'arc de ton dos...
Et ce masque de peur, est-ce ton vrai visage ?
—
Mais non.
C'est mon premier cadeau.
D'autres suivront : les yeux qui ne peuvent plus lire ;
Les doigts rebelles au clavier ;
—
Tais-toi ! —
La solitude, où le cœur se déchire
À chaque meuble familier ;
Les souvenirs tapis partout : dans une robe,
Un lit, une lettre, un parfum ;
La pitoyable chair, qui flambe, et se dérobe...
—
Tais-toi ! te dis-je.
Il n'est pas un
De ces tourments que mon désarroi ne connaisse
Déjà. —
Tu ne sais rien encor.
Je suis l'inexorable et froide enchanteresse
Qui, mieux qu'un stérile remords,
Distille l'essence même de la tristesse...
Place ! —
Que cache ton manteau ?
—
Quelques jours d'une paix qu'ignore la jeunesse.
—
Je ne t'attendais pas si tôt,
Gredine.
Mais, puisque te voilà, la plus fourbe
Des folles qu'abrita mon toit,
Maîtresse aux bras de glace et que l'arthrite courbe,
Salut,
Vieillesse !
Installe-toi.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012