Poèmes

Ronde D'avril

par Francis Vielé-Griffin

Les oiseaux et le clair soleil ;
Les fleurs aux charrettes, en jonchées ;
La feuille pointe au boutgeon vermeil ;
Toutes les âmes endimanchées ;
La brise souffle du vieux
Corcyre
Et d'Amathonte en bruit de rames.
Et le monde est jeune encore à ravir
De chansons claires et de clairs rires
Et de blondes femmes :

Voici le marchand de plaisirs,
Mesdames !

N'en goûtez pas.
Mesdames, Ça fait souffrir.....

Les roses, les joues ; les rayons et les tresses ;
Ta marotte,
Amour, est un pavot qu'égtaine
Aux champs de la joie tout geste d'ivresse :
Et c'est le sommeil et l'oubli que tu sèmes ;
N'as-tu pas pour ta lèvre de chanson pite ?
N'as-tu pas de meilleure chanson à nous dire,
Grave
Amout, au futile épithalame ?
Quel petit chant pout ta grande lyre,
Le vieil intermède et le pauvre drame !

Voici le marchand déplaisirs.
Mesdames !

N'en goûtez pas.
Mesdames, Ça fait dormir.....

Il tournoie un air de danse aux feuillées.
Un bruit de baisers en des ritournelles ;
L'Idée, recluse des longues veillées,
S'étire aux rayons qui convergent en elle ;
Sous les charmes en hâte de reverdir,
L'Endormeuse de tous sourires
S'est assise aux carrefours des âmes ;
Et l'Amour, devant elle, s'agenouille et se mire
En ses grands yeux fous où le désir est flamme !

Voici le marchand de plaisirs,
Mesdames !

Ah ! goûtez-y,
Mesdames, Ça fait mourir...



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top