Picoti
Picota
Une mâchoire sur le tas
Dans mon âme quel fatras
Picoti
Picota
Au travail les vers gras
Les anges ont marqué le pas
Les anges ont perdu la partie
Chers vers ne vous endormez pas
Déjà la tête et les bras
Sans lame sans pelle sans houe
Tout le corps en haut et en bas
Le ventre bée dans la boue
Picoti picota je me défais dans la glaise
Je m'ouvre au baiser dans l'ombre
Proie joviale aux vers sans nombre
Je ne souffre à
Dieu ne plaise
Ni me plains trop ni ne clame
Je suis morte à l'air hélas
Les vers ont entendu le glas
Picota c'est leur orgie
Qui commence dans ma nuit
Picoti là nulle palme
Ni de buisson enflammé
Rien que ce trop long repas
Picota dont je suis la viande
Pièce noble et les abats
Les anges ont perdu la partie
Les anges ont marqué le pas
Picoti leurs ailes ne brillent
Que dans ma mémoire ô trépas
Quoi me fait donc le printemps
Vers, si suis à votre guise
Le grand été, le seul automne
Et l'hiver avec la bise
Dont souvenir me brûle tant
Picoti picota
À la rescousse vers charmants
Mes bourreaux et mes amants
Chessex disait que j'étais belle
Hélas pauvre demoiselle
S'il me voyait maintenant
Rirait-il de ces coulures
Mieux verdâtres que verte nature
Qu'il chantait si bravement
Vomirait-il aux bouffissures
Qui éclatent sous mes côtes
Lui qui si doucement pelote
Damoiselles et mignotes
Jacques regarde la bosse
De mon ventre!
Quant aux yeux
Où tu voyais l'aura de
Dieu
Non plus yeux mais trous chassieux
Ainsi je règne en cette fosse
Même pas vieille mais charogne
Dont ai pour ma gloire vergogne
Picoti
Picota
Une mâchoire sur le tas
Dans mon âme quel fatras
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012