Yorick encore une fois l'automne est descendu dans
ta fosse
Sous la couronne de peupliers, de corneilles
aboyantes
Yorick encore un automne un vent de pluie
Un vent de néant a balayé ta fosse où ton crâne
affleure de saison en saison
Toujours visible au néant du dehors au désert d'en
haut
Yorick
Dans l'air pourri où rêve ton vieil élève
Yorick encore une fois l'automne a jeté ses baies
dans ta fosse
Et les oiseaux migrateurs en s'envolanl regardaient
cette couronne rouge
S'égrener parmi les os des morts
Mais les morts d'en haut sont plus morts que toi
Yorick
Avec leurs vraies perles, leurs dents brillantes
Ils passent devant ta fosse s'apitoyant et riant et
voient ton crâne
Tandis que dans l'air désert se tait et rêve ton élève
Oui l'automne méditatif a jauni l'herbe de ta tombe
Encore une fois
Yorick puis ta fosse ouverte puis
ton crâne au-devant de la neige enfantine
Avec ses flocons purs qui tintent dans le vieil air
comme les grelots de la mémoire
L'automne des pèlerins et des songes
La couronne du regret s'égrenant de
Noël en
Noël
Avec les dents des morts
Yorick, les gestes de
l'amour
L'enfant bercé, le père tué, sans fin le pas
De ton élève rêvant et se taisant au lumineux désert
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

