Ton front n'a pas été ceint de verdoyant laurier
ô
Yorick
Ni tes mains enrichies du talent d'argent
Nul fils d'Anchise ne te loue après la joute
Dans aucune mer chaude
Car tu es le fils d'un rivage de rouille et d'une eau
froide
Déshérité avant de naître
Bon pour les grelots,
Yorick!
Pour l'enseignement de ton élève presque orphelin
Et le rire d'un roi déjà mort
el qui ne le sait pas
Yorick ton front jamais ne fut scellé
de viride feuillage
Ornement de gloire pour les forts
Ta couronne fut d'absence et de clochettes creuses
Ta bouche parlait comme le venl souffle sur la lande
On l'entend de loin
Comme la pluie accourt sur les collines
Elle passe au loin
Comme elle
ta parole ne tenait pas en place
Sinon dans mon crâne jumeau de ton crâne
que je tiens si fort dans ma main
Mais puis-je y retrouver l'Idée
Si ta substance s'est défaite
Et ton âme a fondu dans le sol noir
Non je n'ai pas vu ton front décoré de feuilles
Ni tes épaules chargées de soie
Ni tes mains flattées aux onguents
Mais les dents des chauves-souris du songe luisaient
dans ton regard
Le rire ornait ta bouche
Les baies du
Temps se consumaient à ton collier
avec les paroles des morts
Ah maintenant je te regarde et je me souviens de ta
trace
En moi et dans le meurtre de mon père
Je te regarde et j'écoute en moi tes mots
Plus forts que la voix des prophètes
Je te regarde et je regarde dans ma trame, ô
Yorick
Et je songe à mon destin lié au tien
Comme l'image du miroir est liée à l'Image
Le reflet à la gloire menacée de l'Etre
Comme la langue est liée à la seule
Voix
Comme le souffle est lié à la seule
Gorge
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012