Pâques, Jacques Réda
Poèmes

Pâques

par Jacques Réda

Quand venait le printemps,

Fin avril l'air entier dans le parc déambulant

Comme une grande jeune femme en bleu marine et blanc

Dont on pouvait toucher la joue au détour des allées,

On allait acheter des sandales à petits trous,

Aux semelles qui boiraient l'eau de la première ondée,

Et le marchand donnait une image-réclame, avec

D'un côté les soleils de la crème Éclipse, de l'autre

Quatre dessins dont les replis d'arbres et de nuages

Cachaient les oreilles du loup et la taille de la bergère.

Cependant quelque chose de terrible avait eu heu :
Peut-être les statues d'extase et de supplice
Avaient-elles saigné sous les ténèbres de leurs sacs
Et l'espace crié avant d'être englouti par l'espace
Où tremblaient au matin de fausses maisons, des petits arbres.

Seigneur de la clameur houleuse des cloches, dédicataire
Des blancs bouquets d'autel et des mains des petites filles
Levant leur couronne d'étoffe et leur âme de violette ;
Dieu des accords fondamentaux quand l'être comme une

perle
Brûlait entre les mains jointes sur leurs engelures
Et qu'à la porte de l'église en juin
La présence éclatante et sombre cherchait l'accès du cœur

violent comme une torche —
Toujours ce ciel scellé sur la cour vide, et le murmure
Du robinet de cuivre au fond de la buanderie...



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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