En ce jardin la voix des eaux ne tarit pas,
est-ce une blanchisseuse ou les nymphes d'en bas,
ma voix n'arrive pas à se mêler à celles
qui me frôlent, me fuient et passent infidèles,
il ne me reste que ces roses s'efleuillant
dans l'herbe où toute voix se tait avec le temps.
—
Les nymphes, les ruisseaux, images où se
complaire !
Mais qui cherche autre chose ici qu'une voix claire, une fille cachée?
Je n'ai rien inventé : voici le chien qui dort, les oiseaux rassemblés, les ouvriers courbés devant les saules frêles brûlant comme des feux; la servante les hèle
au bout de la journée...
La leur et ma jeunesse s'usent comme un roseau, à la même vitesse, pour nous tous mars approche...
Et je ne rêvais pas quand j'entendis, après si longtemps, cette voix me revenir du fond de ce jardin, l'unique, la plus douce dans ce concert...
« — ô
Dominique !
Jamais je n'aurais cru te retrouver ici, parmi ces gens... —
Tais-toi.
Je ne suis plus ceci que je fus... »
Je la vis saluer avec grâce nos hôtes, puis s'en aller comme les eaux s'effacent, quittant le parc, alors que le soleil se perd, et c'est déjà vers les cinq heures, dans
l'hiver.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012