Poèmes

N'imaginez Jamais

par Henri Michaux

Henri Michaux

Le thermocautère a quelque chose de sûr, de sans réplique.
Son style est simple : «
Je te vois, je te détruis. »

Quel admirable sillon il va pouvoir tracer dans les chairs indéfendables qu'il va rencontrer!
En pleine sculpture et cette sculpture est ciselure.
Avec ardeur vous vous jetez au travail.
N'y a de gênant qu'une odeur de roussi.
Mais qu'importe!
Ce n'est pas le nez qui est à son affaire ici.
Qui a le nez créateur?
Pas moi.
On ne saurait donc pas sous ce prétexte refuser cet admirable instrument à qui veut parcourir de façon intéressante le corps humain.
Mais attention, tenez-le bien, dirigé sur le corps recherché.
Si exaltant dans le «
Je-tu », il est terrible dans le «
Tu-moi », ou même dans le «
Je-moi », si vous êtes assez faible pour vous laisser aborder et cela peut arriver.
Oh! comme cela arrive aisément!
Attention!
C'est fait! lâchez! lâchez donc!
Trop tard, le voilà qui s'attache à votre chair, qui entre dans votre cuisse où pourtant vous ne trouviez rien de trop, le voilà qui vient brûler votre propre genou, et
la chaleur terrible de l'infiniment petit haut fourneau vous entre dans l'os qu'elle parcourt en un instant, le remontant d'un bond jusqu'au sommet, comme un rat affolé.

Pantin disloqué, tu t'agites, maintenant, tu t'agites dans le lit du malheur, imbécile imprudent.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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