I
Les mares de vos yeux aux joncs de cils,
Ô vaillante oisive femme,
Quand donc me renverront-ils
La
Lune-levante de ma belle âme ?
Voilà tantôt une heure qu'en langueur
Mon cœur si simple s'abreuve
De vos vilaines rigueurs.
Avec le regard bon d'un terre-neuve.
Ah ! madame, ce n'est vraiment pas bien,
Quand on n'est pas la
Joconde,
D'en adopter le maintien
Pour induire en spleens tout bleus le pauv'monde !
II
Ah ! sans
Lune, quelles nuits blanches.
Quels cauchemars pleins de talent !
Vois-je pas là nos cygnes blancs ?
Vient-on pas de tourner la clenche ?
Et c'est vers toi que j'en suis là.
Que ma conscience voit double,
Et que mon cœur pèche en eau trouble,
Eve,
Joconde et
Dalila !
Ah ! par l'infini circonflexe
De l'ogive où j'ahanne en croix.
Vends-moi donc une bonne fois
La raison d'être de
Ton
Sexe !
XII
Encore un livre ; ô nostalgies
Loin de ces très-goujatcs gens.
Loin des saluts et des argents.
Loin de nos phraséologies !
Encore un de mes pierrots mort ;
Mort d'un chronique orphelinisme ;
C'était un cœur plein de dandysme
Lunaire, en un drôle de corps.
Les dieux s'en vont ; plus que des hures ;
Ah ! ça devient tous les jours pis ;
J'ai fait mon temps, je déguerpis
Vers l'Inclusive
Sinécure !
XIII
Eh bien, oui, je l'ai chagrinée.
Tout le long, le long de l'année ;
Mais quoi ! s'en est-elle étonnée ?
Absolus, drapés de layettes,
Aux lunes de miel de l'Hymette,
Nous avions par trop l'air vignette !
Ma vitre pleure, adieu ! l'on bâille
Vers les ciels couleur de limaille
Où la
Lune a ses funérailles.
Je ne veux accuser nul être.
Bien qu'au fond tout m'ait pris en traître.
Ah ! paître, sans but là-bas ! paître...
XIV
Les main dans les poches.
Le long de la route,
J'écoute
Mille cloches
Chantant : «
Les temps sont proches, «
Sans que tu t'en doutes ! »
Ah !
Dieu m'est égal !
Et je suis chez moi !
Mon toit
Très natal
C'est
Tout
Je marche droit.
Je fais pas de mal.
Je connais l'Histoire,
Et puis la
Nature,
Ces foires
Aux ratures ;
Aussi je vous assure
Que l'on peut me croire !
XV
J'entends battre mon
Sacré-Cœur
Dans le crépuscule de l'heure,
Comme il est méconnu, sans sœur,
Et sans destin, et sans demeure !
J'entends battre ma jeune chair
Equivoquant par mes artères,
Entre les
Edens de mes vers
Et la province de mes pères.
Et j'entends la flûte de
Pan
Qui chante : «
Bats, bats la campagne ! «
Meurs, quand tout vit à tes dépens ; «
Mais entre nous, va, qui perd gagne ! »
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012