Poèmes

Les Grands Jours de Poète

par Robert Desnos

Robert Desnos

Les disciples de la lumière n'ont jamais inventé que des

ténèbres peu opaques.

La rivière roule un petit corps de femme et cela signifia

que la fin est proche

La veuve en habits de noces se trompe de convoi.

Nous arriverons tous en retard à notre tombeau.

Un navire de chair s'enlise sur une petite plage.
Le

timonier invite les passagers à se taire.

Les flots attendent impatiemment
Plus
Près de
Toi

ô mon
Dieu !

Le timonier invite les flots à parler.
Ils parlent.

La nuit cachette ses bouteilles avec des étoiles et fait

fortune dans l'exportation.

De grands comptoirs se construisent pour vendre des

rossignols.
Mais ils ne peuvent satisfaire les désirs de

la
Reine de
Sibérie qui veut un rossignol blanc.

Un commodore anglais jure qu'on ne le prendra plus

à cueillir la sauge la nuit entre les pieds des statues de sel.

A ce propos une petite salière
Cérébos se dresse avec

difficulté sur ses jambes fines.
Elle verse dans mon

assiette ce qu'il me reste à vivre.

De quoi saler l'Océan
Pacifique.

Vous mettrez sur ma tombe une bouée de sauvetage.

Parce qu'on ne sait jamais.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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