Deux
Mulets cheminoient, l'un d'avoine chargé,
L'autre portant l'argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle.
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchoit d'un pas relevé,
Et faisoit sonner sa sonnette :
Quand l'ennemi se présentant.
Comme il en vouloit à l'argent.
Sur le
Mulet du fisc une troupe se jette.
Le saisit au frein et l'arrête.
Le
Mulet, en se défendant,
Se sent percer de coups; il gémit, il soupire. «
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avoit promis?
Ce
Mulet qui me suit du danger se retire;
Et moi j'y tombe, et je péris!
—
Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi :
Si tu n'avois servi qu'un meunier, comme moi.
Tu ne serois pas si malade. »
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012