Poèmes

Les Cent Doigts du Souffle

par Jacques Izoard

Respirez : épines, espérez.
Je voyage vers l'âge des pierres de taille : j'en possède et le bleu et le patient veuvage.
Et je voyage dans le bol de la maison bénigne.

Respire en moi,

corbeau glauque,

seigneur glacé de l'œil,

perfide épine

au point croisé des jambes.

Que jamais ne meurent

la voix très longue,

le cri court

de celle qui me jette

hors de moi !

Le souffle, dans le poing, n'est que rose invisible ou caillou du
Nalôn.
Les mains de la montagne creusent, dans le jardin, la tombe de la rivière.
Et nous vivons heureux.

Souffle : salamandre sans nom, longue neige opaque autour de l'œil qui croît.
Grandissons dans le cartilage, colorons de bleu la peau.
Sommes muscles avares.
Sommes poussières ou débris.

Tumulte où coqs et pies font rumeur, miroir noyé.
Me voici dans la cruche très blanche d'un laitier.
Hallali déchire la tempe et la main...
Le point de l'oeil grandit: la petite fille, la pupille m'enferment dans le lit
Et je ne sais que dire.
Je parle de fûts, de dortoirs.

Feu faible où vit le dé de thé, la tache dormant dans ma tempe.
J'essaye de lever le bras vers l'herbe éparpillée : se resserre le cœur, entre les jambes, le soc scie la peau, mordille.
Déjà, tombeaux de pommes, masse de cuivre entier.
Déjà, la grenouille close meurt dans le poing.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top