Un
Vieillard sur son
Ane aperçut, en passant,
Un pré plein d'herbe et fleurissant :
Il y lâche sa bête, et le
Grison se rue
Au travers de l'herbe menue,
Se vautrant, grattant, et frottant.
Gambadant, chantant, et broutant,
Et faisant mainte place nette.
L'ennemi vient sur l'entrefaite. «
Fuyons, dit alors le
Vieillard. —
Pourquoi? répondit le paillard :
Me fera-t-on porter double bât, double charge?
—
Non pas, dit le
Vieillard, qui prit d'abord le large.
—
Et que m'importe donc, dit l'Ane, à qui je sois?
Sauvez-vous, et me laissez paître.
Notre ennemi, c'est notre maître :
Je vous le dis en bon françois. »
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017