Autrefois le
Rat de ville
Invita le
Rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'ortolans.
Sur un tapis de
Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête :
Rien ne manquoit au festin;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étoient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le
Rat de ville détale;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt;
Et le citadin de dire : «
Achevons tout notre rôt.
—
C'est assez, dit le rustique;
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi;
Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc.
Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre! »
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012