Le
Pot de fer proposa
Au
Pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il feroit que sage
De garder le coin du feu;
Car il lui falloit si peu.
Si peu, que la moindre chose
De son débris seroit cause :
Il n'en reviendrait morceau.
«
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne.
Je ne vois rien qui vous tienne.
-
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le
Pot de fer :
Si quelque madère dure
Vous menace d'aventure,
Entre deux je passerai.
Et du coup vous sauverai. »
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s'en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.
Le
Pot de terre en souffre; il n'eut pas fait cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.
Ne nous associons qu'avecque nos égaux,
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces
Pots.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012