La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'alions montrer tout à l'heure.
Un
Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un
Loup survient à jeun, qui cherchent aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait. «
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
—
Sire, répond l'Agneau, que
Votre
Majesté
Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant.
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon.
Je ne puis troubler sa boisson.
—
Tu la troubles, reprit cène bête cruelle;
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
—
Comment l'aurois-je fait si je n'étois pas né?
Reprit l'Agneau; je tette encor ma mère. —
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. —
Je n'en ai point. —
C'est donc quelqu'un des tiens;
Car vous ne m'épargnez guère.
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge. »
Là-dessus, au fond des forêts
Le
Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017