Poèmes

Le Loup et L'Agneau

par Jules Laforgue

Jules Laforgue

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'alions montrer tout à l'heure.

Un
Agneau se désaltérait

Dans le courant d'une onde pure.
Un
Loup survient à jeun, qui cherchent aventure,

Et que la faim en ces lieux attirait. «
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?

Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.


Sire, répond l'Agneau, que
Votre
Majesté

Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant

Dans le courant.
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon.
Je ne puis troubler sa boisson.


Tu la troubles, reprit cène bête cruelle;
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.


Comment l'aurois-je fait si je n'étois pas né?

Reprit l'Agneau; je tette encor ma mère. —
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. —
Je n'en ai point. —
C'est donc quelqu'un des tiens;
Car vous ne m'épargnez guère.

Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge. »
Là-dessus, au fond des forêts
Le
Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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