Les couples d'amants
Commençant leur vie
Ont toujours envie
D'acheter un chien.
C'est un réflexe, il est charmant.
Ils le font presque tous sans en savoir la cause...
Ils pensent que cela n'est rien
Qu'un caprice.
Au lieu d'une botte de roses,
Quel cadeau plus joli imaginerait-on
A une jeune femme ?
Un jour, de son veston
L'homme tire une petite boule vivante...
On crie.
On s'attendrit.
Et désormais l'amante,
Toujours quittée pour le bureau ou la famille
—
Cela s'ennuie vite, les filles —
Aura un petit compagnon.
Les enfants des amants sont de petits caniches...
Et ils ne savent pas qu'inconsciemment ils trichent
Avec la vieille loi du couple qui se fond
Dans un autre, avant d'atteindre le fond,
Pour que l'enfant-preuve surnage,
De cet éternel amour,
Dont le naufrage,
A commencé déjà avec le premier jour.
Sentant venir une séparation prochaine
Un couple se disputait.
«
Que ferons-nous de la petite chienne ? »
Elle est à moi, c'est moi qui lui donne son lait
Et ses caresses ! » disait-elle.
Il rétorquait :
«
Qui donc, chaque soir
Depuis qu'elle est née, la promène
Patiemment sur le trottoir ? »
Toutes les choses sont dures
A commencer et à finir.
Les couples agonisants durent
Avant de se désunir.
Le chien mourut avant la fin de l'aventure...
Ils avaient bien tort, en somme,
De se disputer pour rien :
Les plus longues amours des hommes
Ne durent qu'une vie de chien.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012