Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé.
Six forts chevaux tiroient un coche.
Femmes, moine, vieillards, tout étoit descendu;
L'attelage suoit, souffloit, étoit rendu.
Une
Mouche survient, et des chevaux s'approche.
Prétend les animer par son bourdonnement.
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine.
S'assied sur le timon, sur le nez du cocher.
Aussitôt que le char chemine.
Et qu'elle voit les gens marcher.
Elle s'en attribue uniquement la gloire.
Va, vient, fait l'empressée : il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens et hâter la victoire.
La
Mouche, en ce commun besoin,
Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin:
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.
Le moine disoit son bréviaire :
Il prenoit bien son temps! une femme chantoit :
C'étoit bien de chansons qu'alors il s'agissoit!
Dame
Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Ei lait cent sottises pareilles.
Après bien du travail, le
Coche arrive au haut : «
Respirons maintenant! dit la
Mouche aussitôt :
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine Çà,
Messieurs les
Chevaux, payez-moi de ma peine- »
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devroient être chassés.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012