Quoi ? toujours il me manquera
Quelqu'un de ce peuple imbécile!
Toujours le
Loup m'en gobera!
J'aurai beau les compter! ils étoient plus de mille,
Et m'ont laissé ravir notre pauvre
Robin;
Robin mouton, qui par la ville •
Me suivoit pour un peu de pain,
Et qui m'auroit suivi jusques au bout du monde.
Hélas! de ma musette il entendoit le son;
Il me sentoit venir de cent pas à la ronde.
Ah! le pauvre
Robin mouton! »
Quand
Guillot eut fini cette oraison funèbre,
Et rendu de
Robin la mémoire célèbre,
Il harangua tout le troupeau.
Les chefs, la multitude, et jusqu'au moindre agneau
Les conjurant de tenir ferme :
Cela seul suffiroit pour écarter les
Loups.
Foi de peuple d'honneur, ils lui promirent tous
De ne bouger non plus qu'un terme. «
Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton
Qui nous a pris
Robin mouton. »
Chacun en répond sur sa tête.
Guillot les crut, et leur fit fête.
Cependant, devant qu'il fût nuit.
Il arriva nouvel encombre :
Un
Loup parut; tout le troupeau s'enfuit.
Ce n'étoit pas un
Loup, ce n'en étoit que l'ombre.
Haranguez de méchants soldats :
Ils promettront de faire rage;
Mais, au moindre danger, adieu tout leur courage;
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012