L'Aigle, reine des airs, avec
Margot la
Pie,
Différentes d'humeur, de langage, et d'esprit,
Et d'habit,
Traversoient un bout de prairie.
Le hasard les assemble en un coin détourné.
L'Agasse eut peur; mais l'Aigle, ayant fort bien dîné,
La rassure, et lui dit : «
Allons de compagnie;
Si le maître des
Dieux assez souvent s'ennuie.
Lui qui gouverne l'univers.
J'en puis bien faire autant, moi qu'on sait qui le sers
Entretenez-moi donc, et sans cérémonie. »
Caquet-bon bec alors de jaser au plus dru,
Sur ceci, sur cela, sur tout.
L'homme d'Horace,
Disant le bien, le mal, à travers champs, n'eût su
Ce qu'en fait de babil y savoit notre
Agasse.
Elle offre d'avertir de tout ce qui se passe.
Sautant, allant de place en place.
Bon espion,
Dieu sait.
Son offre ayant déplu,
L'Aigle lui dit tout en colère :
«
Ne quittez point votre séjour.
Caquet-bon bec, ma mie : adieu; je n'ai que faire
D'une babillarde à ma cour :
C'est un fort méchant caractère. »
Margot ne demandoii pas mieux.
Ce n'est pas ce qu'on croit que d'entrer chez les
Dieux :
Cet honneur a souvent de mortelles angoisses.
Rediseurs, espions, gens à l'air gracieux.
Au cœur tout différent, s'y rendent odieux :
Quoiqu'ainsi que la
Pie il faille dans ces lieux
Porter habit de deux paroisses.
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017