Je partirai donc, souffle inachevé,
Sans regarder là ce qui restera,
Ni l'ombre des cieux, ni le sol crevé,
Torche vive et nue que nuit cueillera.
Comme ruisseau court au delà du sable
Je coulerai vite au plus loin du bruit,
Délivré du creux , ô course ineffable,
Touchant un bois neuf et goûtant son fruit.
Furtive assomption dans des nues de feu,
La route escarpée, mouvante et ardue!
De la sombre boue collant à l'aveu
A jamais lavé, toute honte bue.
Partir au jour noir où campe l'abîme
D'un espoir fripé qui retient l'haleine;
Desceller des mots quand plus rien ne rime
Et sauter la flaque à la lueur pleine.