Encore un matin
Encore un train
Qui ne sont ni tout à fait les mêmes
Ni tout à fait d’autres
Quoi qu’ils s’y entendent
À tant se confondre *
Les dernières ondées
De l’orage de la nuit passée
S’évaporent dans la rosée
Sur les talus qui longent les voies
Poussent à foison et à profusion
Fougères et Capillaires
Renouées de Sakhaline
Et Balsamines
Berces du Caucase
Au travers des vitres
Je contemple le paysage
Mais aussi et surtout
Les reflets des visages
De ceux et celles
Qui comme moi
Sont de ce voyage
Voyage qui comme chaque matin
N’est ni tout à fait le même
Ni tout à fait un autre *
Immaculée conception
De la nostalgie d’un paradis perdu
Qui à l’orée d’un printemps
En fréquences modulée
Saturé d’odeurs si particulières
Entre saponaires et sapinières
Me fit remonter en train la haute Ruhr
Vers Arnsberg et le Möhnesee
Pérégrinations qui me permirent d’y découvrir
L’un des berceaux de ce romantisme tellurique
Qui transporta Nietzche, Wagner
Et ce pauvre hère
Qu’allait devenir Louis II de Bavière
Au retour d’immersions en eau lourde
Où visions et délectations
Devait absoudre
Les charmes de Lohengrin
Et autres Nibelung
Nouvel âge des ténèbres
Ou syncope passagère
Je sens pourtant mon cœur qui bat
Je sens encore mon cœur qui bat
Nouvel âge des éruptions
Ou simplement vote sanction
Comment se maintiendront
Nos démocraties sous perfusion
Nouvel âge de la fusion
Voilà les marchés en pleine confusion
Et mon cœur pourtant en rémission
Vient de me présenter sa démission