Poèmes

Hôtes de la Lumière

par Guillevic Sphère

Eugène Guillevic

à
Madeleine et
Boris
Lejeune

Dis, qu'as-tu compris ?

Je sens, je ressens,
Je vis en communion

Avec tout visage

Et du nuage au brin d'herbe,

Si je ne comprends pas.
Je me donne

A tout ce que je perçois
Ou que je devine.

Tu es là.

Sur un fond de ciel

Avec lequel

Tu n'as que faire,

Sauf le subir.

Pour ton bien

Ou pour le contraire :

Sa bénédiction
Ou sa colère.

Sur cette plage,

Sur ce sable devant l'océan,

Plus profond

Que tout ce que tu reçois :

Cette chose

Dont tu ne sais rien,

Qui te maintient en cet état
D'équilibre, de bien-être

Où tu aimes
Te sentir vivre.

Tu t'es livré

A tous ces paysages,

A chacun de leurs éléments.
Même quand tu étais loin.

Ils t'accompagnent,
Te font ce que tu es.

Tout ce que tu gagnes

A pouvoir

Te découvrir vague

De cet océan
Qui s'offre à toi

Pour t'incorporer
A son domaine

Qui t'enfanta !

Quand devant toi
Tu as l'océan

Tu fréquentes les abords

De ton intérieur.

Océan,

Pourquoi faire le fier,

Te moquer de la terre
A laquelle tu souffres
De te heurter ?

Que serais-tu sans elle,
Sans sa résistance
A tes épanchements ?

Pitié !
Toujours
Tu vois, tu touches

Dans le sable

De la pierre émiettée —

Et cela

Te fait vivre

Une sorte de douleur
Universelle.

Se regarder
Faire une grimace

C'est se venger
Des offenses reçues,

Cracher à la face

De la source des offenses,

Se transformer
En océan furieux.

Tu n'as jamais
A l'état de veille,
Rêvé

Que tu voguais
Avec les nuages
Et au-dessus d'eux

Dans cet espace infini
Que tu t'imagines.

Tu allais par des chemins
Pareils à d'autres chemins
Bordés de buissons.

Ces chemins circulaient
Au-dessus des nuages.

Tu t'approchais
Tantôt du soleil,
Tantôt des étoiles.

Heureux

Tu étais l'hôte

De la lumière.

Tu as trébuché —
Tu t'es réveillé.

C'est toujours comme si
A travers la lumière

Tu voulais atteindre
Une autre lumière

Qui te porterait.

En toi
Quelcpje chose

Qui ne cherche pas
A t'échapper : tu tiens,

Tu détiens un centre
Amant de sa propre lumière.

Nuage, ne continue pas
A t'occuper de moi.

Ce n'est pas moi, c'est l'océan
Qui est ton miroir.

Ne m'oblige pas
A te regarder,

Puisque tu ne peux
M'emportcr avec toi.

Ce n'est pas

En t'accrochant

A plus en plus de choses,

En les parcourant,
En les écoutant toutes
Que tu t'éprouveras.

Une seule chose parfois
Peut suffire

Si tu lui donnes
Assez de ton temps
Pour communier.

Voici

Qu'il fait lourd,

Très lourd.

C'est le ciel, on dirait
Qui pèse,

Même qu'il voudrait descendre
Et se faire enfermer.

Alors, nous
Qu'en serait-il
De nous ?

Existe-t-il

Des êtres qu'anime la passion

De contempler l'azur,

De s'y plonger,
De s'y incorporer,
De s'en abreuver,

Pour, après un bon moment,

S'en aller

Sûrs d'eux-mêmes.

Et de leur avenir
Couleur d'azur?

C'est moi

Ou ce n'est pas moi

Ce nuage blanc
Avec des yeux bleus,
Des joues arrondies,
Une courte barbe,

Ce petit nuage
Qui regarde tout

Avec l'amitié
Qu'il a pour lui-mi

Les nuages ont tous les droits
Et le vent est leur complice.

Ils occupent le ciel et tes yeux
Mais depuis

Que tu les as traversés
Ils ont perdu leur être.

Tu as vu leur intérieur,
Ils n'en ont pas.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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