Qui perd plumes en dormant jeûnera tout le jour: le bleu, le fracas, la toupie, voilà nos biens, nos recels.
Je pose le regard dans l'œil de l'autre à court d'haleine.
Je meurs quelques instants.
J'échange vertèbres et pacotilles.
Le sang neuf apparaît.
Troubadour pille château de papier, donjon de dentelle.
Ah !
Les violons couchés
dans ce jardin huitième,
où je crie «pierre !»,
où je salue la dame
qui coupe grappes, bouquets ;
Que ne fus-je seul ici,
haussant la voix nue,
avec la main d'épines
ei le tonneau pansu
qui grommelle!...
La maison dans le doigt se fait petite, petite.
Y coud la fille un vêtement de lin.
De phalange à phalange un escalier descend et tourne dans la paume et va jusqu'au cœur creux.
Dormeur endormi ne dort qu'à moitié.
Dague et langue sont sœurs de dard.
Vit en moi le sosie dont je suis la pâleur.
Sur l'aile, noir de fumée...
La maison cache le héron
qui dort sans clefs.
Déjà, l'été, les taupes
et les herbes et leurs langues,
et la pluie qui vient,
qui nous touche les épaules
et les régions du corps
sous la laine, sous la peau.
Terrain perdu :
cent chats logent
dans une boule de papier.
Je coupe en quatre
feux et cheveux.
Je caresse un lilas mauve.
En amont, les voleurs
ont des conciliabules.
Échasses, aiguilles, guêpiers
sont objets sans usage.
Je tiens tête: quelle fine lingerie couvre la source?
De haut en bas, le lierre serre le corps.
La tornade arrache les œufs, les nids.
S'écroule la clameur.
S'effrite la peau : s'endort la lumière dans le rond de l'œil.
Les poings du patient liés aux chevilles: la peau douce enlevée par lambeaux et saccades.
Rose-thé du
Brésil, où le sang électrique met la bave à la bouche et le cœur haut.
Et nous, partisans de faux endormies, des maisons à l'abandon, nous errions errants, comme graminées, légers dans nos cheveux, tremblants dans nos socs, pour tout dire,
nus.
Ah !
Que n'avions-nous centaines d'arbres à traîner, rivières à détourner de leurs lits!
Petits chapeaux de chaleur nous etreignent.
Et buses de planer.
Et singes de voler l'enfant de la comtesse.
Très aigus, les cris nous laissent de marbre.
Mais nous marchons, avides, heureux parmi les sucreries, les baies, les sureaux, les squelettes d'oiseaux à la croisée des sentiers, nous acharnant à marcher sans trêve, et
ramassant bouts de bois, lampes anciennes, tessons de feu, pièces de monnaie.
Suivez-moi, monts gonflés de sève, je vous aime de mes propres mamelons, de mes dents de scie, de mes membres de sèche ardeur.
Et tambour de vomir, de cracher angélus pansus, criailleries affûtées !
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012