Le corps s’est épaissi. Les cheveux ont blanchi.
Le pas, jadis altier, devient plus alourdi.
Quoique riches encor, les pensées se font rares.
Le cœur au ralenti a lâché ses amarres.
Dans son fauteuil douillet, il s’endort quelquefois.
Les beaux ans sont partis, emportant les émois.
Dans ses rêves coquins, il étreint des fantômes.
Il n’a plus d’ambition n’ayant plus de royaume.
Il y a cependant, dans ses yeux déjà clos,
Une lueur étrange, étincelant rinceau
De lumière magique. Est-ce un songe ? Un mirage ?
Non. C’est qu’il entend, là, venir à son étage,
Ses trois petits enfants. Un ouragan de cris,
De rires et de joies, de riens, de gazouillis,
A brisé le silence où sommeille son âme.
Alors, ragaillardi, il sort son oriflamme
Et, pour une heure ou deux, il redevient gamin,
Désertant par ces jeux l’insipide demain.
Grand-père d’un jour
par Lemarcis Christian
Extrait de:
La règle du jeu