Poèmes

Au palais de justice

par Lemarcis Christian

Au palais de justice *
1 – La plaidoirie
Peut-on croire un instant aux vertus du coupable ?
Selon son avocat, cet homme est innocent.
« Le crime qui l’accuse est un acte blâmable,
Certes, mais devons-nous systématiquement
Le rendre responsable ? Avait-il, en cette heure
Fatale du délit, tout son discernement ?
Était-il lui-même ? Une force majeure
L’accablait, malgré lui, en ce terrible instant.
Lui qui fut, pauvre enfant, jadis une victime
De parents maltraitants, muré dans la prison
De son enfance obscure et, dans son for intime,
Torturé puis violé, est-il bien ce démon
Que dit l’accusation ? » Ainsi s’exprimait l’homme,
Vêtu de robe noire, aux accents théâtraux.
Éloquent orateur et disert métronome
Qui, de sa rhétorique, assoie les tribunaux.
Entendez. Selon lui, si Caïn fut rebelle
Et poignarda son frère aux regards innocents,
C’est la faute de dieu qui permit la querelle.
Lui, le pauvre Caïn, fut comme Coriolan,
De la rumeur, victime. « Il faut, messieurs, mesdames,
Les jurés, braves gens qui avez le cœur gros,
L’innocenter. Accordez une chance à cette âme
Humaine. Pardonner ici n’est pas de trop.
Soyez généreux, oui, soyez magnanimes.
La vengeance humilie. L’indulgence grandit. »
Ainsi l’homme de loi, la main sur la poitrine,
Parlait-il. Pieux silence après qu’il eut fini.
2 – Le verdict
Dans la salle d’audience, accablée par ce leurre,
Une maman meurtrie - qui a tout perdu - pleure.
* Comme à toute reine orgueilleuse, ne sachant se satisfaire d’une chaumière, il faut un palais à la justice.

Extrait de: 
Les ombres fugitives

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