Poèmes

Graines

par Georges Haldas

O légers feux de bord
Immense était la nuit et nous tous sans défense

Car cela se passait hors de toute musique dans un escarpement de soi-même à soi-même
Un espace cloué par une étoile naine

Et les glaïeuls coupés la main se sentait seule

Portes sans fond
Cellules noires où nous marchions ayant depuis longtemps déjà éteint dans la maison

Sans feu ni lieu j'arrive

au bout de ce voyage

Ne me demandez rien

Je n'ai pas de bagages

Simplement je regarde

tout seul obstinément

du côté de la mer

où s'est close l'étoile

Ni barque ni rivage

Les feux sont presque éteints

Quelques lueurs encore

d'enfance ici et là

Mais plus de fiançailles

Le point se fait petit

La porte se referme

L'oiseau du dernier vol

dans l'espace d'automne

s'éloigne sans un cri

Les pas nous sont comptés
Les matins sont ailleurs
Qui allume la lampe ?
Qui veut nous éclairer ?
Et pour qui ce manteau depuis toujours troué ?
J'alimente la laine de mes profonds oublis
Je vis comme la graine muette au fond du puits
Eteignez cette lampe qui dérange ma nuit



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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