Âme, tu dois savoir
Que j'ai pensé aux autres âmes
Plutôt qu'à toi, mon âme
Comme si j'eusse à créer un vaste nombre
De circonstances possibles et de formes
Avant de songer à ma seule éternité
La mort me fera-t-elle entrer au vide pur
auquel cas je n'ai plus de destin
Ou me fondrai-je dans la lumière annoncée
et là mon âme
Sera moulue et confondue aux autres âmes dans le
Tout
Fait de toutes les âmes sans nom dans l'Un
Ou partiras-tu solitaire en voyage, âme
Dans l'Intemporel
si bien délivrée des catégories
Que je ne puis même imaginer ton chemin
Innommable si loin de moi qui suis
vue, ouïe, poids, durée
Et langue à chercher le mot juste
Alors qu'il n'y a plus de mots là où tu seras
Rien que la lumière ou le vide
ou rien
Et tu ne seras même pas le souvenir de ton nom
Tu ne seras rien et je travaille à imaginer
ce rien
En me désencombrant de toute pensée
Tu devrais savoir ces choses, âme
Et ne pas m'en vouloir de mon triste corps
Ni de ma mine distraite ou basse
Je me dis souvent que j'ai le temps
Que je penserai plus tard à toi
à l'éternité ou au vide
Surtout quand le vent fait bouger dans le noir
les grands sapins
Comme si j'étais déjà mort
Et que je les gardais en souvenir dans l'Immobile
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012