Si
Dieu m'avait dicté mes mots comme il faisait
Quand il avait besoin d'un chant sublime
pour son
Livre!
Fragment du chant premier
Poème toujours à regretter le temps qui se vide
du temps
Plainte condamnée à demeurer l'ombre
De l'orchestre héroïque et doux
Qui faisait sonner ses cuivres solaires dans un autre
Age
Un jour je voyais se lever la lumière
sur une belle forêt vallonnée
Le soleil sortait de l'eau d'un lac
Les oiseaux planaient sur une falaise
ouverte comme un pur visage
Et le poème qui jaillissait de ces cimes
et de leurs pentes
Se muait en élégie aussitôt que je l'écoutais
monter en moi et prendre forme
Un jour j'étais penché sur un beau corps
Me promenant par ses cimes et par ses pentes
Et le poème qui survenait de ce paysage
Se faisait élégie à sa naissance
Jusqu'à ma langue et à mes yeux
Au fond de mon corps pour quelles larmes
Source où je descends à ta nuit de miel frais
pour quel regret
Pour quel savoir de ces départs et de ces halles
Si toujours se réveille un voyageur
à quelles alarmes
Quoi me parle dans la cave de tes os
Toujours pour assombrir mes mots
Le vent par-dessus les forêts accouru de l'Ouest
Apporte la pluie sur la maison et sur les trembles
Où brûle encore un incendie bas et clair
Ton visage passe avec la lueur du soir
sur les tombes d'Elseneur
Où la mésange en toute saison chante un autre air
Mais le vent vient d'autres bois inconnaissables
Et mon chant lie un autre espace que celui
du visible et de l'invisible
Où s'affrontent la joie et l'ombre
Comme le givre et le soleil triste
Dans l'arrière-saison pleine d'odeurs
De pommes trop sucrées et de tombes
Je suis à la recherche du secret
Qui me ferait aimer la mort, dit l'Élégie
Et moi je n'ai pas de peine à lui répondre
Si je suis cette part de moi qui me fuit
Et je dis cette obscurité étale
Sans gloire et sans mensonge attendant
D'être moins sot et moins aveugle
Peut-être à la fin pour voir les rayons du mystère zélé
À m'accabler à me ravir ce peu de terre
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012