Poèmes

Dialogue Avant le Lever de la Lune

par Jules Laforgue

Jules Laforgue


Je veux bien vivre; mais vraiment,
L'Idéal est trop élastique !


C'est l'Idéal, son nom l'implique,
Hors son non-sens, le verbe ment.


Mais, tout est conteste; les livres
S'accouchent, s'entretuent sans lois !


Certes, l'Absolu perd ses droits,
Là où le
Vrai consiste à vivre.


Et, si j'amène pavillon

Et repasse au
Néant ma charge ?


L'Infini, qui souffle du large.
Dit : « pas de bêtises, voyons ! »


Ces chantiers du
Possible ululent À l'Inconcevable, pourtant!


Un degré, comme il en est tant
Entre l'aube et le crépuscule.

— Être actuel, est-ce, du moins, Être adéquat à
Quelque
Chose ?


Conséquemment, comme la rose
Est nécessaire à ses besoins.


Façon de dire peu commune
Que
Tout est cercles vicieux ?


Vicieux, mais
ToutI


J'aime mieux
Donc m'en aller selon la
Lune.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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