Crépuscule, Michel Houellebecq
Poèmes

Crépuscule

par Michel Houellebecq

Michel Houellebecq

Les masses d’air soufflaient entre les bosquets d’yeuses,
Une femme haletait comme un enfantement
Et le sable gifflait sa peau nue et crayeuse,
Ses deux jambes s’ouvraient sur mon destin d’amant.

La mer se retira au-delà des miracles
Sur un sol noir et mou où s’ouvrait des possibles
J’attendais le matin, le retour des oracles,
Mes lèvres s’écartaient pour un cri invisible

Et tu étais le seul horizon de ma nuit ;
Connaissant le matin, seul dans nos chairs voisines,
Nous avons traversé, sans souffrance et sans bruit,
Les peaux superposées de la présence divine

Avant de pénétrer dans une plaine droite
Jonchée de corps sans vie, nus et rigidifiés,
Nous marchions côte à côte sur une route étroite,
Nou avions des moments d’amour injustifiés.



Poème publié et mis à jour le: 07 June 2019

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