Un
Chat, nommé
Rodilardus,
Faisoit des rats telle déconfiture
Que l'on n'en voyoit presque plus,
Tant il en avoit mis dedans la sépulture.
Le peu qu'il en restoit, n'osant quitter son trou.
Ne trouvoit à manger que le quart de son sou,
Et
Rodilard passoit, chez la gent misérable,
Non pour un chat, mais pour un diable.
Or un jour qu'au haut et au loin
Le galand alla chercher femme,
Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa dame,
Le demeurant des
Rats tint chapitre en un coin
Sur la nécessité présente.
Dès l'abord, leur
Doyen, personne fort prudente,
Opina qu'il falloit, et plus tôt que plus tard.
Attacher un grelot au cou de
Rodilard;
Qu'ainsi, quand il iroit en guerre,
De sa marche avertis, ils s'enfuiroient en terre;
Qu'il n'y savoit que ce moyen.
Chacun fut de l'avis de
Monsieur le
Doyen :
Chose ne leur parut à tous plus salutaire.
La difficulté fut d'attacher le grelot.
L'un dit : «
Je n'y vas point, je ne suis pas si sot »;
L'autre : «Je ne saurais. »
Si bien que sans rien faire
On se quitta.
J'ai maints chapitres vus.
Qui pour néant se sont ainsi tenus;
Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines,
Voire chapitres de chanoines.
Ne faut-il que délibérer,
La cour en conseillers foisonne;
Est-il besoin d'exécuter,
L on ne rencontre plus personne.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012