Dans la bouche du temps qu'une pénombre emplit soudain passent les silhouettes des machinistes démontant emportant l'Italie et la pluie
des pans d'Italie obliques des paysages siennois collines bois de pins champs d'une herbe distante ou la
Brenta les marais une villa de
Palladio
des pans d'Italie et de pluie on dirait du verre filé des îles de misère une robe de madone à la lueur des cierges dans une grotte noire
et tout qui se désarticule et les palais taillés en diamant les loggias où rêve un manteau rouge une taverne avec les regards usés dans les visages jaunes comme une
rapière oublieuse de tuer
des pans de pluie on dirait qu'on a dépendu tous les lustres
et la lessive à n'en plus finir au ciel des rues étroites
des pans de siècle et des armures à panaches et le pas des chevaux
la beauté des gants de couleur sur des mains sanglantes
les machines à prendre d'assaut les forteresses et les navires
le grand hiéroglyphe noir et blanc des batailles
l'architecture admirable des prisons
tout cela passe à dos d'hommes entre des bras bleus
dans le nuage qu'un piétinement hâtif soulève
et il y a des lévriers des catins et des pages effrontés juste
le temps de compter jusqu'Ã trente-trois comme si le
théâtre avait la bronchite et cela empeste la poussière et
l'alcool la salive dans les mains crachée des cordes tombant des cintres de grosses cordes lourdes
font un instant des festons croulants qui va-t-on pendre ou
prendre à leur licol et puis il y a des étoiles plein d'étoiles piquant la toile
de fond tandis qu'un homme à s'y méprendre au
Prologue pareil n'était qu'il est plus vieux plus maigre plus subtil
s'avance dans un halo d'opale habillé de turbans et de cimeterres selon la tradition du
Matamore pour les sourcils et la
moustache et du bout d'une canne en jonc qui a avalé une girafe montre au public sur un écran soudain qui s'éclaire avec un cadre d'or gaufré agrémenté de toute
sorte de
figures à demi nues où le chèvre-pied la sirène et le centaure
alternent mais ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit
Montre
disais-je les images peintes du futur se succédant sans transition dans le petit corridor d'or de sa lanterne
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012