Poèmes

Sonnet Lxx

par Jean de la Ceppède

Voici l'homme, ô mes yeux, quel objet déplorable!
La honte, le veiller, la faute d'aliment,
Les douleurs, et le sang perdu si largement
L'ont bien tant déformé qu'il n'est plus désirable*.

Ces cheveux (l'ornement de son chef vénérable)
Sanglantes, hérissés, par ce couronnement,
Embrouillés dans ces joncs, servent indignement À son test ulcéré* d'une haie exécrable.

Ces yeux (tantôt si beaux) rebattus, renfoncés,
Resalis, sont, hélas ! deux soleils éclipsés,

Le corail de sa bouche est ores jaune pâle.

Les roses et les lys de son teint sont flétris :

Le reste de son corps est de couleur d'opale,

Tant de la tête aux pieds ses membres sont meurtris.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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